petit essai

Il fait sombre, et pourtant la nuit n'est pas encore là. Un homme est assit devant sa fenetre, il regarde la pluie qui tombe au dehors, les arbres qui bougent et craquent sous la poussée du vent. Une femme s'approche, avec un plateau, qu'elle pose sur la petite table, près de lui. Sans un mot, elle s'en va. L'homme regarde alors le plateau : comme d'habitude, du thé, du sucre, de la confiture, des tartines beurrées. Il se détourne bien vite de ce spectacle affligent.

Son regard se pose sur un petit oiseau, au pied d'un arbre, qui ne peut pas voler. Sans doute tombé du nid, pense l'homme. Alors doucement il se lève, se dirige vers sa table de chevet, ouvre le tiroir, et en sort une arme. Les munitions sont à coté, il la recharge. Lentement, il revient vers la fenetre. Le petit oiseau est toujours là, on peut entendre ses piaillements malheureux, et bientot sa mère vient le rejoindre, mais elle ne peut rien pour lui, et elle ne tarde pas à s'envoler. Elle l'abandonne, elle aussi, réagit l'homme. Elles sont toutes les memes.

Il ouvre alors sa fenetre, sent le froid entrer sous sa chemise. Il prend son temps, son bras dirigé vers ce petit oiseau malheureux. Son doigt n'est pas crispé, il carresse la gachette. L'oiseau tourne ses yeux vers l'homme, implorant. Le coup part, l'oiseau s'effondre. Doucement, l'homme se rasseoit, son arme toujours dans sa main. L'infirmière ne va pas tarder à arriver, lui demander ce qui s'est passé. Mais il en a marre d'elle. Très marre. Elle semble avoir oublié qui il est. Le plus grand tueur à gage que la terre ait jamais portée. Sanguinaire et violent, sans pitié aucune. Oui, cette femme l'énerve, et une chose est sure, il n'aime pas etre énervé, et il n'aime pas ne pas aimer. La porte s'ouvre, la femme entre.